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« Sourds, nous pouvons tenir une ferme »

Magali et Laurent Guérin (à gauche) et Marie-Christine Le Crubière (à droite) devant les génisses de l’exploitation.

Éleveurs laitiers dans les Côtes-d’Armor, et tous les deux non-entendants, Magali et Laurent Guérin démontrent que handicap et travail en agriculture, c’est possible. Ils témoignent dans un guide.

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« Peut-être que les gens pensent que ce n’est pas possible de tenir une ferme en étant sourds. Nous prouvons le contraire », témoignent Magali et Laurent Guérin, éleveurs laitiers à Plénée-Jugon (Côtes-d’Armor). Ils sont à la tête d’un atelier de 85 vaches laitières et produisent 600 000 litres de lait par an sur 112 hectares.

Installé depuis 1996 sur l’exploitation familiale

Laurent s’est installé en 1996 sur l’exploitation familiale avec ses parents après des études agricoles. Il y a 13 ans, Magali est venue le rejoindre sur la ferme après avoir travaillé dans une usine agroalimentaire.

Au quotidien, leur différence ne leur pose pas de problème. « SMS, mails, application téléphonique permettant de convertir la parole en écrit… Le développement des nouvelles technologies facilite la communication », assure le couple.

Pour l’élevage, ils ont mis en place des aménagements. En salle de traite, des faisceaux lumineux ont remplacé les alarmes sonores. Magali et Laurent ont développé un champ visuel beaucoup plus important et font travailler tous leurs autres sens.

« Je sens quand une vache à un comportement inhabituel, confie Magali. Le principal souci, ce sont les urgences la nuit si nous avons besoin de contacter le vétérinaire. Il faut souvent trouver quelqu’un pour prendre le relais par la parole. »

Des emplois accessibles

« Au travers de cet exemple, nous voulons montrer que le champ des possibles est ouvert. Les métiers de l’agriculture offrent des possibilités d’emplois accessibles aussi bien comme chef d’exploitation ou comme salarié », indique Marie-Christine Le Crublière, agricultrice, présidente du groupe Egalité-Parité de la chambre d’agriculture de Bretagne qui a fait de l’inclusion, son cheval de bataille.

Plus de 25 000 personnes handicapées travaillent dans le domaine agricole. La chambre d’agriculture vient d’éditer un guide pour faciliter les démarches (voir encadré). « Le premier motif de saisine du défenseur des droits porte sur les discriminations en matière d’emploi des personnes handicapées, rappelle Jérémie Boroy, président de Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH). Leur taux de chômage est près du double de la population. »

« C’est dans l’ADN des agriculteurs d’accueillir des personnes différentes. Il faut les aider à dépasser leurs peurs, à croire en leurs capacités, qu’ils concrétisent leur projet quel que soit leur handicap. Pour la chambre, personne ne doit rester sur le bord de la route », conclut Marie-Christine Le Crublier. C’est tout l’enjeu de ce guide.

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